L’ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, Robert Badinter, est décédé dans la nuit du 8 au 9 février, à l’âge de 95 ans. Considéré en France comme le père de l'abolition de la peine de mort, un hommage national lui sera rendu mercredi.
Robert Badinter s'est éteint vendredi 9 février à l'âge de 95 ans. "Robert Badinter, un homme de valeurs et d’émotions, attaché à la vie" titre La Vie. Le site Vatican News rend de son côté hommage à "un artisan de la peine de mort en France", qui "se signala aussi par ses nombreux gestes de proximité et de fraternité avec le monde catholique".
Ministre de la justice et garde des Sceaux de François Mitterand, Robert Badinter fut, en effet, un fervent défenseur de la vie puisqu'il porta la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort dans l'hexagone. Un combat dans lequel il s'est ensuite investi jusqu'à "son dernier souffle", se battant pour l'abolition universelle de la peine capitale.
« Partout dans le monde, et sans aucune exception, où triomphent la dictature et le mépris des droits de l'Homme, partout vous y trouvez inscrite, en caractères sanglants, la peine de mort. »
— Gouvernement (@gouvernementFR) February 9, 2024
Hommage à Robert Badinter. pic.twitter.com/MLhDTZuhUr
La peine de mort, "contraire à l'esprit du christianisme"
Lors d'un vibrant discours à l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, il avait exhorté les députés à voter sa proposition de loi, alors même qu'une majorité de Français étaient favorables à la peine de mort. "La peine de mort est contraire à ce que l’humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et à l’esprit de la Révolution", s'était-il exclamé.
Emmanuel Macron a annoncé qu'un hommage national lui sera rendu, selon l'Agence France Presse (AFP) il aura lieu mercredi à midi place Vendôme à Paris.
Né à Paris en 1928, avocat et professeur de droit, Robert Badinter, est issu d'une famille juive originaire de Bessarabie. Le 9 février 1943, son père est raflé à Lyon par la Gestapo et envoyé dans le camp de concentration de Sobibor, dont il ne reviendra jamais. "C’est peut-être d’avoir vu l’injustice de si près quand j’étais adolescent qui a donné cette passion-là", confiait l'ancien ministre lors d'un entretien dans les colonnes de La Vie en 2008.
Outre son combat contre la peine de mort, on lui doit d'autres réformes comme l'abrogation du délit d'homosexualité, l'ouverture aux citoyens français de la Cour européenne des droits de l’homme, le renforcement des droits des victimes ou encore l’amélioration de la condition carcérale. Il fut en outre président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, et sénateur des Hauts-de-Seine de 1996 à 2011.
Depuis l'annonce de son décès, de nombreuses personnalités politiques lui ont rendu hommage. C'est notamment le cas de l'actuel président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius qui a salué la mémoire de son prédécesseur, "juste entre les justes", dans une déclaration transmise à l'AFP.
"La mort de Robert Badinter, qui fut mon ami depuis près de 50 ans et mon prédécesseur à la présidence du Conseil constitutionnel, est une immense perte pour la justice et pour la France. Robert Badinter était non seulement un juriste hors pair mais un juste entre les justes. Conciliant la sagesse à la passion, il a, dans toutes les fonctions qu'il a exercées, dans toutes les causes qu'il a plaidées, fait progresser le droit et l'humanisme au plan national et international."
Camille Westphal Perrier